En lien avec le Mauritius Museums Council et le Mauritius Marine Conservation Society, une mission d’inventaire et d’étude du mobilier provenant de l’épave pirate du Speaker, qui a fait naufrage en 1702 sur la côte est de l’île Maurice, s’est déroulée du 18 au 27 mars 2019 au Musée National d’Histoire de Mahébourg. Avec Yann von Arnim, archéologue et océanographe, Jean Soulat a pu travailler sur cette fabuleuse collection rassemblant plus de 1 700 objets inédits.
Plan du site de l’épave (© P. Lizé, 1984).
L’épave du Speaker, navire du pirate anglais John Bowen, a été découverte en 1979 sur la côte est de l’île Maurice, à 2,5 km de la côte en face de Grande Rivière Sud-Est, par Jacques Dumas et Patrick Lizé, historiens et archivistes français. C’est la première épave pirate fouillée dans le monde. Deux fouilles partielles de l’épave ont été effectuées par la suite : la 1ère en 1980 sous la direction de Jacques Dumas, durant 3 mois ; la 2e dix ans plus tard avec l’équipe d’Erick Surcouf. Elles ont fait l’objet de notes de travail, d’un article scientifique de Patrick Lizé publié en 1984 et réédité en 2006, puis de quelques ouvrages et articles de presse centrés sur la vie du célèbre pirate John Bowen, dont une bande dessinée. Mais l’analyse approfondie de ce mobilier exceptionnel restait à faire. La poursuite des investigations sur le site archéologique du Speaker est envisagée pour 2020.
-> A lire : Recherches archéologiques sur les épaves pirates : le 14 avril 2019 (Le Mauricien)
Avant d’être appelé le Speaker, le navire négrier français de 500 tonneaux, dont le nom français d’origine est inconnu, a été pris par l’équipage du capitaine pirate Bowen le 16 avril 1700, dans la rivière de Methelage à Madagascar. Après de nombreuses captures, le Speaker s’échoue près de l’Îlot aux Roches, sur la côte est de Maurice, dans la nuit du 7 janvier 1702 en raison d’une tempête et d’un équipage imbibé d’alcool. Les pirates dressent alors un campement près d’une plage et sauvent du naufrage un grand coffre contenant une partie du trésor. Ayant reconnu qu’ils étaient sur l’île Maurice, ils parlementent avec le gouverneur de l’île, Roelof Deodati, appartenant à la Compagnie hollandaise des Indes Orientales, qui, voulant éviter le conflit, se résigne à vendre aux pirates le sloop Vliegendehart de manière à leur faire quitter l’île au plus tôt. Le 4 mars 1702, John Bowen fit ses adieux à la petite colonie et offrit au gouverneur 2000 piastres en témoignage de sa gratitude. Deux semaines plus tard, Bowen et son équipage de pirates arrivèrent à Madagascar.
-> A ré-écouter : Une histoire de la piraterie, débat sur l’archéologie de la piraterie (La Fabrique de l’Histoire, France Culture)
L’épave repose toujours au fond l’eau, juste derrière le récif mauricien, entre 3 et 7 mètres de profondeur. Les vestiges archéologiques sont encore nombreux puisqu’il reste 34 canons en fonte, 3 grandes ancres en fonte ; des secteurs du site préservés conservent très probablement du mobilier, piégé dans le corail. Aucun reste de structure en bois n’a été conservé, les planches du navire ayant été récupérées par l’équipage dès le lendemain du naufrage, tout comme une partie de la cargaison. Lors de la campagne de 1980, un plan général a été dressé, montrant l’étendue du site sur près de 200 mètres, délimité par les canons qui se sont déversés au cours des manœuvres du navire. Malgré des conditions climatiques difficiles, la houle poussant les vagues contre le récif, le courant se ressentant également sous l’eau, les fouilles ont permis de récolter 1746 objets qui sont désormais, pour la plupart, conservés au Musée National d’Histoire de Mahébourg, la collection appartenant au Mauritius Museums Council et donc au gouvernement mauricien.
Appartenant à la culture matérielle de la 2e moitié du XVIIe siècle, les objets prélevés se divisent en plusieurs catégories fonctionnelles : l’armement avec 1190 éléments (artillerie, munitions diverses, restes d’armes blanches), 63 objets liés aux effets personnels (accessoires vestimentaires, éléments de parure, couteaux, pipes, etc.), le mobilier de bord avec 61 objets (éléments de calfatage, tôles diverses, chandelier, ferrures de meuble, restes d’une clochette, etc.), une dizaine d’instruments de navigation (compas et cadran portatif), la vaisselle avec 98 fragments de bouteilles et flacons en verre ou de récipients en céramique, les perles avec 221 occurrences qui peuvent à la fois être intégrées aux effets personnels mais aussi aux échanges, et enfin le mobilier lié aux échanges avec 103 objets liés au commerce et à la traite négrière (lingots en or et en plomb, manilles) dont 34 monnaies qui viennent de nombreux pays (Angleterre, France, Autriche, Allemagne, Hollande, Italie, Mexique, Pérou, Égypte, Yémen et Inde).
-> A lire : Etude du mobilier du Speaker : le 28 avril 2019 (Le Mauricien)
Après l’inventaire détaillé, une première analyse de la culture matérielle du Speaker a permis de mettre en avant une certaine singularité du mobilier. Les objets retrouvés sur l’épave permettent d’affirmer que le bâtiment est bien pirate, en particulier du fait des origines géographiques très variées du mobilier. Celle-ci associe une forte influence britannique en lien avec l’équipage anglais du navire ainsi que des objets provenant d’Europe (Italie, France, Allemagne, Autriche, Hollande, Espagne), de l’Empire ottoman, d’Inde et de Chine qui sont les témoins des multiples prises effectuées dans l’océan Indien par l’équipage. De nombreux objets personnels ayant appartenu aux pirates ont été retrouvés comme des boutons, boucles de chausse, bagues et bracelet britanniques, une roupie indienne transformée en médaillon avec sa chaîne, des restes de pipes hollandaises et anglaises en terre cuite, des cadenas ou des couteaux. La vaisselle illustre la diversité des prises des pirates : on remarque notamment une cuillère britannique en laiton, des restes de bouteilles et de flacons de verre britanniques (en forme d’oignon ou quadrangulaire) pour l’alcool, des restes de vases de stockage asiatiques du Siam fabriqués à Bang Rachan, province de Sing Buri (Thaïlande), des tessons de porcelaine chinoise de la ville de Jingdezhen (Ching-te Chen), dans la province de Jiangxi (sud-est de la Chine), période Kangxi (1662-1722), ou encore des fragments de cruches en grès rhénan.
-> Pour plus de détails : Mission au Musée National d’Histoire de Mahébourg, île Maurice Inventaire et étude de l’épave du Speaker 1702, navire du pirate John Bowen | Jean Soulat 18-27 Mars 2019 (Craham - Cnrs).
Nous avons réalisé une pré-étude du mobilier (métal, os manufacturé, céramique et verre) du site.
Fouilles anciennes : 1980 (J. Dumas, P. Lizé) et 1990-1991 (E. Surcouf, T. Proust)
Maitre d’ouvrage : Mauritius Museums Council, Mauritius Marine Conservation Society, Musée National d’Histoire de Mahébourg.
En 2022, le Laboratoire LandArc a été sollicité pour mener l'étude des pipes à tabac en terre cuite de deux sites archéologiques à Brouage (Square Champlain et Rue Samuel Champlain). Parmi les 600 fragments datés de la 2ème moitié du XVIIe siècle, on retrouve de nombreux pipes hollandaises dont certaines à décor figuratif en forme de crocodile (ou de baleine) en lien avec la légende de Sir Walter Raleigh ou de Jonas.
En 2022, l'étude du mobilier métallique de Chambly (Aisne) a permis de mettre en lumière un lot d'objets très bien préservé du XIVe siècle qui se compose de nombreuses boucles et chapes de ceinture dorées, ainsi que d'un superbe paon sous forme d'enseigne de pèlerin. En complément, quelques éléments de l'époque carolingienne et d'autres de la période moderne ont également été découverts comme des couteaux avec marques de fabrique.
Les douves du château de Collioure ont fait l'objet d'une intervention archéologique en 2016 par le Service Archéologique Départemental des Pyrénées-Orientales. Pris en charge par le laboratoire LandArc, les 3800 petits objets sont datés des XVe-XVIe siècles. Parmi les nombreux éléments découverts, on compte près de 1800 objets ornementaux et 80 objets liés à l'armement.
L'abbaye chef d'ordre de Grandmont fait l'objet depuis 2018 d'une fouille programmée menée par le Service Régional d'Archéologie de Nouvelle-Aquitaine. Les sépultures découvertes ont livré un riche mobilier funéraire médiéval et moderne. Etudié par le laboratoire LandArc, celui-ci rassemble 35 ampoules de pèlerinage en plomb du XIIe siècle en cours d'analyse ou encore des restes de textiles en cours d'examen.
Le site du Palais Episcopal de Beauvais a été fouillé en 2009 par le Service Départemental d'Archéologie de l'Oise. Le laboratoire LandArc a mené l'étude du petit mobilier, majoritairement antique, avec quelques éléments médiévaux et modernes. Plus de 2000 objets ont été inventoriés dont plusieurs hipposandales et de nombreux éléments de char romain.
La fouille préventive dirigée par l'Inrap en 2018 a permis de mettre en évidence 267 objets datés entre les XIIe-XIIIe siècles et le XVIIIe siècle. Une quarantaine d'objets peut être datée du bas Moyen Âge, en particulier plusieurs boucles, des fermaux décorés, des fers d'équidé ou encore une grande applique quadrilobée en alliage cuivreux datant du XVe siècle et richement décorée de motifs émaillés entourant un griffon dressé.
La fouille menée par le Service archéologique départemental de l'Aisne a livré une grande quantité d'objets métalliques datés entre la fin du XIVe et le début du XVIe siècle. Parmi le mobilier, cinq pièces de vaisselle métallique proviennent d'une latrine : un chaudron tripode en alliage cuivreux, un bassin en tôle martelée en alliage cuivreux et trois pichets en étain. Le laboratoire LandArc a effectué l'étude du mobilier ainsi qu'une partie de sa restauration, dont la vaisselle.
Lors d'une fouille préventive en 2018, le Service archéologique d'Amiens Métropole a mis au jour sur le site de la Rue de la Résistance les restes d'un cimetière médiéval et moderne ainsi qu'une occupation urbaine liée aux aménagements de la ville. Parmi les 1006 objets inventoriés, on compte plus de 300 épingles datées des XVIe-XVIIe siècles, des boucles médiévales ainsi qu'un élément de fixation de harnais décoré d'un lion et daté du XIVe siècle.
Un diagnostic archéologique mené par le Service archéologique d'Amiens Métropole a permis de mettre en évidence les restes d'une nécropole mérovingienne dont les premiers indices présentent une occupation daté du VIIe siècle. Parmi le mobilier découvert, plusieurs éléments de garnitures de ceinture en fer à décor damasquiné caractéristique de la 2ème moitié du VIIe siècle et une bague en alliage cuivreux de la 1ère moitié du VIIe siècle.
La fouille préventive effectuée par l'Inrap en 2018 a livré une occupation médiévale datée entre le milieu du XIe et le milieu du XIIe siècle. Sur les 299 objets métalliques inventoriés, une quarantaine appartiennent à cette sphère chronologique dont des éléments liés à la serrurerie, du mobilier équestre et à valeur ornementale comme c'est le cas de deux pendants de harnais décorés d'un aigle daté de la 2ème moitié du XIIe siècle.
La fouille d'une occupation rurale alto-médiévale à Villevaudé en 2017 par l'Inrap a livré du mobilier métallique daté des VIe-XIIe siècles. Il rassemble un lot d'objets en alliage cuivreux assez important, en particulier une dizaine de fibules (ansées symétriques, quadrilobées), des agrafes à double crochet, des garnitures de ceinture ou encore des rivets décorés dont un orné d'un monstre se retournant vers l'arrière à l'influence insulaire.
Le laboratoire LandArc a été contacté pour effectuer une étude de synthèse du mobilier provenant de dix sites tous localisés sur la commune de Tremblay-en-France. Rassemblant plus de 250 objets remarquables et une quarantaine de monnaies, la collection provient d’habitats ruraux datés des périodes médiévale et moderne, à l'exception d'une nécropole occupée aux IVe-VIe siècles.
Suite au partenariat monté avec l'Université Laval de Québec, une mission d'étude et de réexamen du petit mobilier provenant du site de l'Îlot des Palais a été menée en 2018, amorcée dans le laboratoire d'archéologie historique de l'Université en mars 2017. L'expertise de plus de 500 objets issus des couches datées entre 1668 et 1760 a permis d'affiner le lien entre la Métropole et la Nouvelle-France.
Une petite opération archéologique a été menée par le Ministère de la Défense et le SRA de Bretagne sur le bastion Desmouriers de la Citadelle de Port-Louis. La fouille a livré du mobilier métallique et en os datés des XVIIe-XIXe siècles. Un couteau et une clé de cannelle de robinet sont datés du XVIIe siècle tandis des boutons et restes de grappe appartiennent au dernier tiers du XVIIIe siècle.
La fouille d'une occupation rurale alto-médiévale à Chamigny en 2017 par l'Inrap a livré un petit lot d'objets métalliques datés des VIe-XIIe siècles. Le mobilier révèle entre autre une agrafe à double crochet, une louche à corps torsadé, un éperon en fer damasquiné, une pointe de flèche , une clé ou encore deux objets singuliers, une applique de baudrier en étain à décor de rinceaux et une fibule oméga en fer de tradition anglo-scandinave.
En 2016, le laboratoire LandArc a effectué l’étude du mobilier funéraire d’un nouveau secteur de la nécropole mérovingienne de Vicq. Située au sud-est de l’emprise fouillée dans les années 70-80, la fouille de l’Inrap a révélé un mobilier varié composé d’armes, d’accessoires vestimentaires et de parure datés des VIe-VIIe siècles.
En 2016, le laboratoire LandArc a mené l’étude du mobilier funéraire du cimetière de l’Hôpital Protestant de La Rochelle, fouille dirigée par l’Inrap en 2009. La vaste collection comprenant plus de 500 objets et 2400 épingles de linceul ont permis de mettre en évidence les pratiques funéraires entre 1765 et 1792, période d’utilisation du cimetière.
En 2016, le laboratoire LandArc a effectué l’étude d’un lot d’objets de référence régionale issu de la fouille du site de Château-Neuf, Place Trémoille à Laval, dirigée le Service archéologique municipal. Outre la restauration des monnaies et d’une sélection d’objets, l’étude de près de 2000 objets majoritairement en fer a permis de dater ce lot des XIe-XVIIIe siècles.
En 2015, le laboratoire LandArc a effectué l’étude du mobilier funéraire de l’église Saint-Pierre-Saint-Paul de Gonesse, fouille menée en 2010 par l’Inrap. Le petit mobilier funéraire assez varié a montré l’utilisation du site dès la période mérovingienne jusqu’au XIXe siècle. LandArc a mené un catalogue raisonné du mobilier suivi d’une synthèse par phase chronologique.