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Chasse à la tortue marine aux Petites Antilles

Programme de recherche « Connexions transatlantiques »

Depuis sa création, le laboratoire LandArc a dirigé de nombreuses études de petit mobilier datant de la période moderne. Souhaitant améliorer l’analyse comparative et chronologique, J. Soulat mène depuis 2013 des recherches sur les contextes outre-Atlantique.

C’est dans ce cadre que depuis 2016, un partenariat sous la forme du programme de recherche « Connexions transatlantiques » s’est développé entre le Craham de l’université de Caen, le Groupe de Recherche en Archéométrie de l’Université Laval de Québec et le laboratoire LandArc.

Un projet franco-canadien

Le laboratoire LandArc, dans le cadre d’études scientifiques menées sur des collections archéologiques de la période moderne, recherche régulièrement des comparaisons sur les sites coloniaux du continent américain. Si le « vieux continent » livre d’importantes collections d’objets sur le plan quantitatif, les occupations américaines ont l’avantage d’être souvent mieux cernées sur le plan historique et chronologique.

Le développement croissant de l’archéologie de la période moderne a conduit LandArc à s’imposer comme un laboratoire d’expertise référent pour cette période. Malheureusement, les données publiées sur le mobilier non céramique des XVIe-XVIIIe siècles sont rares aussi bien en Amérique qu’en Europe. Les réseaux de chercheurs sont également embryonnaires, voire inexistants pour notre spécialité. Le laboratoire a donc engagé une mission de recherche visant à développer les études des objets découverts aux Amériques et provenant du continent européen, et plus spécifiquement ce qui résulte de la culture matérielle française.

Bague de foi ou de fiançailles ( XVIIe-XVIIIe ) Bague de foi ou de fiançailles ( XVIIe-XVIIIe )

Présentation du programme de recherche

Dans cette dynamique, Jean Soulat mène depuis 2013 des recherches sur les contextes coloniaux outre-Atlantique d’Amérique. Depuis 2016, un partenariat sous la forme du programme de recherche « Connexions transatlantiques » s’est développé entre le Centre de recherches archéologiques et historiques anciennes et médiévales (Craham) UMR 6273 (CNRS/Université de Caen Basse-Normandie), le Groupe de Recherche en Archéométrie de l’université Laval de Québec et le laboratoire LandArc. Concrétisé en mai 2016 par la validation du projet par le conseil du laboratoire du Craham, il fait désormais partie du Thème 2 – Culture matérielle, réseaux économiques et sociaux : productions, usages et représentations.

Dirigés par Jean Soulat, Agnès Gelé (doctorante à l’Université Laval) et Adelphine Bonneau (post-doctorante à l’Université Laval), ce programme de recherche est centré sur les contextes coloniaux des Amériques à travers l’étude de collections.

Ce programme de recherche vise à :

  • Etablir un état des lieux bibliographique sur la culture matérielle, dans un premier temps pour la Guyane, les Caraïbes, les Etats-Unis et le Canada.
  • Repérer les équipes de recherches actives et les principaux gisements en cours d’étude outre-Atlantique
  • Engager des négociations avec les institutions scientifiques des pays concernés pour mettre en place des collaborations de recherche.
  • Concevoir une mise en réseau des spécialistes et créer des procédés collaboratifs innovants.

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Une culture matérielle européenne

Le programme a pour but d’essayer de percevoir l’existence d’une culture matérielle française à part entière aux XVIe-XIXe siècles et ainsi de différencier ces corpus de ceux originaires des autres pays européens (Angleterre, Allemagne, Pays-Bas ou Espagne).

Outre la recherche de parallèles, c’est surtout la diffusion de ce mobilier originaire de métropole et les questions autour de sa production avec la mise en évidence de possibles marques de fabrique qui intéressent les participants au projet. Les armes et les accessoires associés, les éléments de parure ou encore les ustensiles de table sont au cœur des travaux. Plusieurs collaborations fructueuses ont permis d’étoffer les corpus comparatifs notamment l’étude de certains types d’objets dans le cadre de la préparation monographique des épaves de la Natière (Saint-Malo) dirigée par Elisabeth Veyrat (Ministère de la Culture) ou encore l’étude et le réexamen du mobilier métallique de l’habitation-plantation Macaille (Anse-Bertrand, Guadeloupe) dans le cadre du projet de recherche dirigé par N. Tomadini et J. Ros, avec le concours du Museum National d’Histoire Naturelle de Paris et du Service régional de l’archéologie de Guadeloupe.

Fragment de monture d’épée d’infanterie française du XVIIIe s Fragment de monture d’épée d’infanterie française du XVIIIe s

L’étude et l’analyse archéométrique de l’écaille de tortue marine

Depuis 2015, le laboratoire s’est investi dans l’étude de l’écaille de tortue marine et des objets découverts en métropole manufacturés dans ce matériau exotique. De la collaboration avec Caroline Solazzo (géochimiste, Museum Conservation Institute du Smithsonian Institution Museum, États-Unis), plusieurs peignes en écaille datant du XVIIIe siècle et issus de tombes (La Rochelle, Lyon, Nancy) ou de remblais (Paris) ont été analysés dans le but de déterminer l’espèce exacte de tortue marine, en l’occurrence la tortue imbriquée originaire des Petites Antilles. D’après les archives, ces écailles transportées par tonneaux arrivaient en France par un réseau commercial secondaire en lien avec des commandes spécifiques, des échanges diplomatiques et de la fraude. Deux premiers articles ont été publiés à la suite de ces recherches :

J. Soulat, avec la collaboration de C. Solazzo, « Des Caraïbes à la Métropole: artisanat et commerce des peignes en écaille de tortue marine à l’époque coloniale », Journal of Caribbean Archaeology, 2016, 16.
J. Soulat, « Artisanat de l’écaille de tortue marine aux XVIIe-XVIIIe siècles sur le site de la Cour Napoléon, Grand Louvre, Paris (1er arr.) », Revue archéologique d’Île-de-France, 9, 2016, p. 299-321.
Front_programme_recherche.contenu.protocole.image-4.alt Voir la conférence à Université Laval, par le docteur Jean Soulat.

Perspectives attendues

Si des démarches sensiblement similaires sont menées par nos collègues céramologues, les institutions publiques n’ont, à ce jour, pas initiées de tels programmes transatlantiques pour le mobilier non céramique. Le laboratoire LandArc essaye donc sur ce point de pallier une carence de la recherche publique. A terme, si les méthodologies s’avèrent concluantes et si le réseau des chercheurs se densifie comme espéré, ce projet pourra permettre au laboratoire LandArc de s’imposer comme un interlocuteur privilégié et un expert des mobiliers exogènes issus des échanges transatlantiques et proposer des prestations d’étude pour les différentes missions menées sur le continent américain.

Perspectives attendues

Projet de recherche « Scan numérique 3D »

LandArc assure une mission de veille technologique centrée sur la dématérialisation des objets archéologiques. Le laboratoire expérimente des méthodes d’archivages des données métriques, techniques, suffisamment rapides et précises pour permettre une conservation numérique de l’objet et une facilité d’échange de ces données avec la communauté scientifique. Parmi les procédés testés, l’imagerie rayon X tridimensionnelle (tomographie), permet de visualiser avec précision la surface de l’objet ainsi que sa structure interne, sans restauration préalable ou analyse destructive.

Front_programme_recherche.contenu.protocole.image-6.alt Tomographie réalisées sur le mobilier du site de Tabariane

Archivage et analyse par tomographie du mobilier archéologique en métal

LandArc assure une mission de veille technologique centrée sur la dématérialisation des données archéologiques et son impact, dans un proche avenir, sur la recherche. Le mobilier métallique est extrêmement fragile, et nécessite des conditions de conservation optimales et un travail de stabilisation et de restauration préalable à l’étude. La communauté scientifique se heurte à l’impossible mobilité des collections et notre incapacité à conserver l’information sur le long terme. Ces facteurs pénalisent fortement l’étude des mobiliers métalliques condamnés bien souvent à disparaitre par corrosion dans les réserves archéologiques.

Le laboratoire recherche des méthodes d’archivage des données métriques, techniques, suffisamment rapides et précises pour permettre une conservation numérique de l’objet et une facilité d’échange des données avec la communauté scientifique. Autrement dit, faire en sorte que les collections soient étudiables à distance sans avoir un accès direct à l’objet. Ce programme s’inspire de la révolution qu’a pu représenter la numérisation des fonds d’archives pour la recherche historique. Actuellement, la photo d’objet et le dessin sont les seuls éléments de transmission de l’information pour la culture matérielle. Toutefois, ces visuels nécessitent le plus souvent un traitement préalable de l’objet (restauration) et constituent un point de vue subjectif, celui de son auteur.

Archivage et analyse par tomographie du mobilier archéologique en métal

Scan numérique 3D des objets archéologiques

Depuis 2015, LandArc s’est rapproché de l’équipe du Département Patrimoine et Collections du Musée du Quai Branly (Paris) pour expérimenter diverses méthodes innovantes d’analyse par imagerie. Le Musée du quai Branly et l’Université Paris travaillent depuis quelques années sur du mobilier ethnographique, en bois et tissus, expertisé par tomographie (scanner, rayon X). La radiographie industrielle utilisée couramment par LandArc fournit une image 2D dont le champ d’étude reste limité. En revanche, la tomographie offre une analyse tridimensionnelle qui permet d’analyser tous les composants de l’objet, sans traitement préalable.

Le laboratoire LandArc, spécialisé dans l’expertise du mobilier métallique, développe un programme similaire portant sur des collections médiévales. Cette méthode d’investigation est évaluée, sur le plan de la complexité d’analyse, des coûts induits et des ressources humaines mobilisées, en comparaison des méthodes d’études traditionnelles  avant d’envisager une application plus sérielle.

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